L’île aux fleurs, un si joli nom pour un dépotoir

Films : L’ïle aux fleurs Jorge Furtado Brésil / 1989 / Documentaire / 15’ Le paradoxe chez Furtado, c’est qu’il ne faut pas chercher les fleurs. Si le titre de son court métrage évoque une île qui pourrait être paradisiaque, le réalisateur nous déroute vers une île cruelle, où la nécessité force adultes et enfants à fouiller un dépotoir pour survivre. Ce parcours chez Furtado va crescendo. Il commence sur le ton de la démonstration scientifique et en même temps ironique, en nous présentant un dénommé Suzuki, un Japonais, un humain, cultivateur de tomates. A priori, c’est l’être le plus inoffensif et le plus banal qui soit. Deuxième personnage : une mère de famille qui achète des tomates. Et la démonstration repart, avec l’énumération des points communs aux mammifères par exemple, de tout ce qui dans l’absolu sépare et réunit l’homme de la bête. Par étapes successives, nous entrons dans une logique infernale, un raisonnement qui tente d’expliquer les réalités des plus pauvres au Brésil. Sauf que c’est une réalité qui dépasse le cadre du rationnel. Elle est si cruelle, si déshumanisante qu’aucune logique ne tient plus la route face aux conditions dans lesquelles survivent les familles qui mangent ce que d’autres mieux loties ont jeté à la poubelle. Les images sont difficiles à digérer, surtout quand c’est au tour de jeunes enfants de fouiller le tas d’ordures dont on a enlevé au préalable tout ce qui convient pour des porcs. La démonstration tourne en nausée, mais il s’agit de ne pas détourner le regard, car Furtado ne nous montre rien que la réalité. Ecologique Furtado ? Réaliste surtout. Assez pour nous bousculer dans ce confort qui veut que du moment que notre territoire est propre, on se préoccupe si peu du dépotoir. Aline Groëme-Harmon   Île Courts 2010 Atelier critique de cinéma animé par Jacques Kermabon 6>10 octobre 2010

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